Le changement climatique et les atteintes à l'environnement sont des sujets récurrents dans les débats actuels, conduisant à une prise de conscience accrue de la nécessité de préserver la planète et ses espèces. Pour relever ces défis, gouvernements, entreprises, mouvements sociaux et ONG s'engagent activement dans une transition vers des modes de vie durables et respectueux de la nature. Dans ce contexte critique, la recherche académique joue un rôle essentiel en proposant des solutions concrètes et applicables pour aider les managers à faire face à ces problématiques. La pandémie de Covid-19 a accentué cette conscience en révélant les dysfonctionnements systémiques, l'interdépendance des acteurs des chaînes de valeur et la rareté des ressources. Ainsi, ce numéro spécial donne la parole aux chercheurs en comportement organisationnel pour étudier leur contribution potentielle dans la lutte contre le changement climatique et les crises environnementales. Trois thèmes de recherche sont privilégiés. D'abord, ils explorent l'initiative de définir le changement, d'introduire des transformations et d'évaluer leurs impacts à divers niveaux d'analyse (individus, groupes, organisations, institutions). Les approches scientifiques et culturelles sont étudiées pour mieux comprendre les événements liés à cette période de transformation, en particulier dans des secteurs tels que l'agriculture où la durabilité est cruciale. Ensuite, l'action organisée face au changement climatique et à l'environnement est examinée à travers les politiques publiques, les autorégulations des entreprises et les choix en matière de développement durable. L'alignement entre discours et actions devient essentiel pour les décideurs, soulevant des questions sur la radicalité ou l'approche réformiste des politiques. Enfin, le troisième thème explore les mentalités et comportements des acteurs confrontés aux transformations environnementales. Des recherches approfondies sont menées sur les représentations et émotions liées au changement climatique, pouvant générer des comportements résilients ou traumatisants. Les réactions telles que le déni et l'hypocrisie organisationnelle sont également étudiées, tout comme l'engagement de groupes actifs dans la réflexion et la création de connaissances. Ce numéro spécial accueillera des articles utilisant différentes méthodes et approches de recherche pour une meilleure compréhension des enjeux liés au changement climatique et à l'environnement, dans l'objectif de promouvoir des actions efficaces et durables en faveur d'un avenir respectueux de notre planète.

Le thème du changement climatique et des atteintes à l'environnement sont devenus récurrents dans les débats contemporains. Les préoccupations grandissantes quant à l'avenir de la planète et des espèces se multiplient tout comme les appels en faveur de modes de vie respectueux de la nature et axés sur la durabilité. Face à ces enjeux, les gouvernements et les entreprises sont confrontés à des changements majeurs tandis que des mouvements sociaux et des organisations non gouvernementales s'engagent activement pour accélérer la transition. Dans ce contexte, il est essentiel que la recherche académique s’empare du sujet pour proposer des solutions concrètes et applicables. Le but est d'aider les managers à relever ces défis liés au changement climatique et à l'environnement de manière efficace. La pandémie de Covid-19 a rendu plus évidente la prise de conscience du caractère systémique des dysfonctionnements, de l’interdépendance des acteurs des chaînes de valeur (Acquier, Valiorgue, Daudigeos, 2017) et de la finitude des ressources. Dans ce contexte, ce numéro spécial a pour ambition de donner la parole aux chercheurs en comportement organisationnel : quelle peut être leur contribution à contrecarrer le changement climatique et les crises environnementales. Les articles peuvent se situer à différents niveaux d’analyse : individus, groupes, organisations et institutions. Concernant les méthodes, les approches et les courants de recherche choisis, nous sommes résolument œcuméniques et nous sommes curieux de toutes les possibilités que vous choisirez d’explorer.

Thèmes de recherche

Trois thèmes de recherche nous intéressent plus particulièrement au sujet du changement climatique. Ils s’appuient sur les informations contenues dans le dernier rapport du GIEC (2022). La contribution du groupe de travail II au sixième rapport d'évaluation du GIEC évalue en détail les impacts, les risques et l'adaptation au changement climatique dans les villes où vit plus de la moitié de la population mondiale. Selon ces experts, la santé, la vie et les moyens de subsistance des habitants, ainsi que les biens matériels et les infrastructures cruciales comme les systèmes d'énergie et de transport, sont de plus en plus touchés par les aléas tels que les vagues de chaleur, les tempêtes, les sécheresses, les inondations et les phénomènes à évolution lente comme l'élévation du niveau de la mer ou la hausse des températures.

THEME 1
Les clés du changement et de l'impact

Un premier thème de réflexion aborde les initiatives prises à tous les niveaux et à différentes échelles pour définir les termes du changement, introduire des transformations et évaluer leurs impacts. Le défi initial réside dans la recherche de sens (Weick, 1995) pour comprendre les événements qui se déroulent autour de nous. Que se passe-t-il ? Comment sommes-nous affectés dans cette période de grande transformation ? Le comprendre implique une analyse de la situation et des problèmes à résoudre. Différentes approches s'opposent. Certaines adoptent une vision scientiste et comptent sur la science et la technologie tandis que d'autres invitent à une réflexion plus large sur la culture des habitants des pays développés, de plus en plus déconnectés du monde naturel et dépendants de producteurs qu'ils ne connaissent pas (Dubuisson-Quellier et Gojard, 2016). Dans des domaines tels que l'agriculture, les changements en cours sont évalués tant du point de vue des transformations actuelles que des dommages inévitables causés par les méthodes de culture dépendantes de l'industrie mécanique et chimique, qui sont maintenant considérées comme problématiques en termes de durabilité. Les labels et les normes destinés aux consommateurs sont des signaux ambivalents (Arnold et Loconto, 2021) qui ne garantissent pas toujours la qualité et la responsabilité sociale et environnementale même s'ils restent l'instrument privilégié pour établir des règles tout au long des chaînes de valeur. Comme l'expérience des catastrophes environnementales, telles que le cas de Bhopal (Shrivastava et al., 2020) nous l'enseignent, le risque d'erreur est élevé dans de nombreux domaines en raison de la taille des équipements et de la dépendance à des technologies complexes et souvent difficiles à maîtriser. Deux types de motivations peuvent être identifiés pour agir : d'une part, la prise de conscience du danger et le désir de limiter ses effets, et d'autre part, l'engagement en faveur de l'environnement qui peut être associé à une vision d'un avenir meilleur par une transformation profonde de la société (Adler, 2016). Ces deux motivations ne sont pas mutuellement exclusives. Il est possible de construire des alliances (Gray et Purdy, 2018 ; Gray, Purdy et Ansari, 2022) qui tiennent compte du fossé entre les organisations et des rapports de force entre les acteurs, permettant ainsi des actions communes :

• Que devons-nous faire avec les connaissances dont nous disposons et celles que nous devons accumuler sur de nouveaux sujets ?
• Faut-il spécialiser les expertises ou, au contraire, les généraliser afin de fonder des choix qui font l'objet d'un débat démocratique (Banerjee, 2011) ?
• Comment trouver un espace public pour des sujets à long terme tels que le changement climatique et l'environnement dans un monde dominé par les médias d'information caractérisés par l'urgence et la variabilité des sujets abordés ?

THEME 2
Action organisée face au changement climatique et à l'environnement

Un deuxième thème lié au changement climatique et à l'environnement est celui de l'action organisée à différents niveaux (Friedberg, 2015). Les enjeux climatiques ont été abordés à travers des politiques publiques et des autorégulations d'entreprises (Wright et Nyberg, 2015) tenant compte de leurs contraintes spécifiques. Les entreprises font face à des objectifs parfois contradictoires entre performance financière et engagements envers le développement durable fixés par les institutions internationales (Nyberg, 2021). L'alignement entre discours et actions devient un enjeu majeur pour les décideurs intéressés par les choix des entreprises en matière de développement durable (Den Hond, Rehbein, de Bakker et Lankveld, 2014) :

• Quelles actions sont les plus légitimes et efficaces ?
• Faut-il une transformation radicale des politiques basée sur les données accumulées sur les dix prochaines années, ou une approche réformiste et incrémentale pour préserver la complexité des politiques et des structures institutionnelles ?

THEME 3
Mentalités et comportements des acteurs

Le troisième et dernier thème à aborder est celui des mentalités en lien avec les comportements des acteurs confrontés aux transformations de leur environnement. Les études se multiplient sur les représentations et les émotions liées au changement climatique. Ces dernières peuvent engendrer à la fois des comportements résilients mais aussi des traumatismes à forts impacts sur la santé physique et mentale des individus, comme la "solastalgie" (Albrecht et al., 2007) - une détresse profonde causée par le changement climatique. D'autres réactions telles que le déni ou l'hypocrisie organisationnelle (Brunsson, 1986) suscitent également un grand intérêt de recherche car elles agissent comme des barrières au changement à la fois au niveau individuel et collectif. Elles peuvent représenter des tentatives de gagner du temps sans passer à l'action, tout en ne niant pas ouvertement l'urgence des changements nécessaires (Christensen, Morsing et Thyssen, 2020; Slawinski, Pinkse, Busch et Banerjee, 2017). De nombreux acteurs impliqués dans des actions en faveur de l'environnement, en particulier dans les pays défavorisés, font état de mesures énergiques et engagées, mais peuvent également être l'objet de critiques (Banerjee et Jackson, 2011). Bien que les multinationales soient puissantes et capables d'actions d'envergure, d'autres acteurs semblent plus légitimes pour évoquer les actions nécessaires en matière d'environnement. Nous nous intéressons particulièrement aux approches permettant de faire face à nos peurs et à nos défenses par le débat, telles que l'éthique de l'environnement (Broome, 2012) ou l'expérience esthétique (Afeissa et Lafolie, 2015). Nous sommes également très intéressés par l'implication de groupes actifs dans la réflexion, le débat, la création de connaissances et leur diffusion, comme le laboratoire 1point5 (https://labos1point5.org/). Il s’agit en l’occurrence d’un groupe de chercheurs bénévoles organisé dans le cadre du CNRS qui promeut la transdisciplinarité, l'apprentissage collectif et la mise en œuvre du changement en lien avec la démocratie participative inhérente au monde de la recherche.

• Quels autres espaces et moments collectifs existent pour réfléchir à notre situation actuelle ?

Les propositions d’articles pour ce numéro spécial doivent obligatoirement être soumises via notre plateforme de gestion des manuscrits : https://ripco.manuscriptmanager.net/ripco. Lors de la soumission, les auteurs doivent choisir le numéro spécial « Special Issue : Climate Change » dans le menu déroulant du champ « Si le manuscrit est destiné à un numéro spécial, choisissez dans la liste... » qui se trouve dans la page « DETAILS » de la soumission. Les propositions devront suivre les normes éditoriales de la revue : ripco-online.com/en/avantSoumission.asp

Le processus d'évaluation des manuscrits du numéro spécial est le même que pour les numéros réguliers. Tous les articles soumis à la revue sont évalués selon le principe de l'examen en double aveugle. Tous les manuscrits soumis à nouveau passent par le même processus d'évaluation, et les évaluateurs précédemment sollicités donnent une évaluation basée sur la prise en compte des changements suggérés lors du premier tour d'évaluation. La décision éditoriale définitive sera prise sur la base de la seconde version proposée, sous la forme soit d'une acceptation pour publication, soit d'un rejet définitif, éventuellement d'une invitation à resoumettre pour un numéro régulier de la revue.

Soumission des manuscrits : 30 octobre 2023
Avis aux auteurs : 3 janvier 2024
Soumission des manuscrits révisés : 10 mai 2024
Relectures supplémentaires et acceptation définitive : 2 octobre 2024
Soumission de la version finale du numéro spécial à envoyer à la RIPCO : 20 octobre 2024

• Acquier, A., Valiorgue, B., & Daudigeos, T. (2017). Sharing the shared value: A transaction cost perspective on strategic CSR policies in global value chains. Journal of Business Ethics, 144(1), 139-152.
• Adler, P. S. (2016). Alternative economic futures: A research agenda for progressive management scholarship. Academy of Management perspectives, 30(2), 123-128
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• Afeissa H.S. et Lafolie Y. (2015), Esthétique de l’environnement. Appréciation, connaissance et devoir, Editions Vrin, Paris
• Albrecht, G., Sartore, G. M., Connor, L., Higginbotham, N., Freeman, S., Kelly, B., ... & Pollard, G. (2007). Solastalgia: the distress caused by environmental change. Australasian psychiatry, 15(sup1), S95-S98.
• Banerjee, S. B. (2011). Voices of the governed: Towards a theory of the translocal. Organization, 18(3), 323-344.
• Banerjee, S. B., & Jackson, L. (2017). Microfinance and the business of poverty reduction: Critical perspectives from rural Bangladesh. Human relations, 70(1), 63.
• Broome, J. (2012). Climate matters: Ethics in a warming world (Norton global ethics series). WW Norton & Company.
  Rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), "Changements climatiques 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité". (https://www.unep.org/fr/resources/rapport/sixieme-rapport-devaluation-du-giec-changement-climatique-2022, consulté le 15 octobre 2022).
• Brunsson, N. (1986). Organizing for inconsistencies: On organizational conflict, depression and hypocrisy as substitutes for action. Scandinavian Journal of Management Studies, 2(3-4), 165-185.
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• Christensen L.T, Morsing M. and Thyssen O. (2020), Timely hypocrisy? Hypocrisy temporalities in CSR communication, Journal of Business Research, Volume 114, Pages 327-335, ISSN 0148-2963, https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2019.07.020.
• Den Hond, F., Rehbein, K. A., de Bakker, F. G., & Lankveld, H. K. V. (2014). Playing on two chessboards: Reputation effects between corporate social responsibility (CSR) and corporate political activity (CPA). Journal of management studies, 51(5), 790-813.
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• Dubuisson‐Quellier, S., & Gojard, S. (2016). Why are food practices not (more) environmentally friendly in France? The role of collective standards and symbolic boundaries in food practices. Environmental Policy and Governance, 26(2), 89-100.
• Dunlap, R. E., & McCright, A. M. (2011). Organized climate change denial. The Oxford handbook of climate change and society, 1, 144-160.
• Friedberg, E. (2015). Le pouvoir et la règle. Dynamiques de l'action organisée. Média Diffusion.
  Gray, B., & Purdy, J. (2018). Collaborating for our future: Multistakeholder partnerships for solving complex problems. Oxford University Press.
• Gray, B., Purdy, J., & Ansari, S. (2022). Confronting power asymmetries in partnerships to address grand challenges. Organization Theory, 3(2), 263178772210987.
• Moog, S., Spicer, A., & Böhm, S. (2015). The politics of multi-stakeholder initiatives: The crisis of the Forest Stewardship Council. Journal of Business Ethics, 128(3), 469-493.
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• Nyberg, D. (2021). Corporations, politics, and democracy: Corporate political activities as political corruption. Organization Theory, 2(1), 2631787720982618.
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• Shrivastava, P., Mitroff, I. I., Miller, D., & Miglani, A. (2020). Understanding industrial crises [1]. In Risk Management (pp. 181-200). Routledge.
• Slawinski, N., Pinkse, J., Busch, T., & Banerjee, S. B. (2017). The role of short-termism and uncertainty avoidance in organizational inaction on climate change: A multi-level framework. Business & Society, 56(2), 253-282.
• Van Bommel, K., & Spicer, A. (2011). Hail the snail: Hegemonic struggles in the slow food movement. Organization studies, 32(12), 1717-1744.
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• Weick, K. E. (1995). Sensemaking in organizations (Vol. 3). Sage.
• Wright, C., & Nyberg, D. (2015). Climate change, capitalism, and corporations. Cambridge University Press.
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